• Adrienne et l'Ors pelharó

     

    L’Ors pelharó : C’est quoi cette histoire de blog ?

     

    Adrienne : Franchement je ne sais pas trop, pour le moment l’idée n’est pas complétement claire.

     

    L’Ors pelharó : Mais t’as envie de refaire un blog ? Un peu comme celui qu’on avait tenu pendant quelques années sur Jean-François Vilar ?

     

    Adrienne : Oui, j’ai envie d’une nouvelle forme. Je ne suis pas sûre qu’on puisse parler d’un blog comme d’une forme nouvelle mais j’ai l’impression que c’est celle qui pourrait convenir le mieux à ce projet de recherche/écriture. Écrire un livre, c’est long, ça demande une pensée organisée, d’avoir mené l’enquête jusqu’au bout. En ce moment j’ai plus envie de quelque chose qui pourrait prendre la forme d’un carnet de notes éparses, d’images et de réflexions diverses, inabouties. Et puis sans doute à cause du covid, je sens qu’il faut commencer maintenant, dans l’incertitude, à partir de ce présent.

     

    L’Ors pelharó : Du coup, t’imagines quoi comme forme ?

     

    Adrienne : Mais d’abord toi, ça te tente ? Parce que malgré tout j’ai envie d’un travail collectif, d’un ouvrage à quatre mains, d’échanges…

     

    L’Ors pelharó : Je ne sais pas encore. Quel en serait l’objectif ? On a l’habitude de travailler à partir de la fiction, d’arpenter l’imaginaire et les passages de Paris et de Prague, et là on débarque dans les Cévennes, et on ne va pas se contenter de parler de nos plantations de tomates, de nos tentatives ratées, de nos difficultés de citadin·es déplacé·es, la tarte à la crème du récit d’installation à la campagne. Non pas que cela soit inintéressant en soi mais on a déjà tous les deux commencé à lire plein de trucs, à regarder des vieilles vidéos sur youtube, etc., on aime l’histoire, on aime la sociologie, on va s’intéresser à ce qui se passe en-dehors de la maison et du jardin. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va parler d’un lieu avec des personnes qui existent vraiment, qui peut-être liront le blog ? Pour le moment on ne sera dans cette maison, dans ce village, que par intermittence, on va arriver de Paris à chaque vacances, et hop on transforme déjà le village en expérience de recherche ? C’est problématique comme positionnement.

     

    Adrienne : Oui tu as complétement raison. D’autant qu’un carnet de terrain n’est pas forcément fait pour être lu par les « enquêté·e·s » ni surtout rendu public. Il faudrait trouver le moyen de ne pas arriver avec nos gros sabots et transformer ce lieu en objet d’étude. Il faudrait qu’on trouve une forme éthique, montrer qu’on s’ajoute à une histoire déjà très riche. Il y a des habitant·e·s qui vivent ici depuis longtemps, qui en connaissent parfaitement l’histoire. Le village est déjà saturé de textes rédigés au fil des années.

     

    L’Ors pelharó : Oui, tu m’étonnes, le Petit journal, la Gazette des Malines, l’histoire du protestantisme, les livres sur la préhistoire et l’histoire du causse de Blandas…

     

    Adrienne : Oui oui, mais malgré tout commençons à imaginer : qu’est-ce qu’on aurait envie de mettre sur ce blog ? Je crois pour ma part qu’il y a cette envie de réaliser une forme d’enquête de près, de décrire le proche. C’est pas vraiment original et ça vient beaucoup de Bruno Latour et d’un type d’enquête qui existe depuis longtemps dans certains espaces militants mais j’ai envie de prendre ça au sérieux, c’est-à-dire de le mettre en pratique. Ce travail de description n’a pas besoin d’être réalisé à partir d’une expérience d’exode urbain. Je pense même qu’en ce moment il y a une urgence à décrire à partir des espaces urbains et périurbains mais il se trouve que nous venons d’acquérir cette maison dans les Cévennes et que j’ai besoin en cette période extrêmement anxiogène politiquement d’opérer un déplacement.

     

    L’Ors pelharó : Moi je sais pas… y’a toutes ces musiques trad occitanes à découvrir bien sûr, en écho au trad irlando-anglais qu’on écoute. Et puis j’ai envie d’apprendre l’occitan, ou sa version cévenole peut-être, faut que je creuse ça. Et puis toutes ces couches d’histoires depuis la préhistoire, on s’est quand même reterritorialisé·e à un croisement de plein de choses, les Cévennes, les Camisards, et puis les causses, les cromlechs, le culte de l’ours, et puis la lutte du Larzac, et puis au nord la Margeride, au sud la Camargue, le pays cathare…

     

    Adrienne : Oui oui, ça y est, tu as mis le temps mais là t’es parti =)

     

    L’Ors pelharó : Mais est-ce que mes obsessions vont dialoguer avec ton envie politique de description ? On se rejoint cependant sur la pratique de carnet de recherche/terrain.

     

    Adrienne : Moi je dis, on tente, on verra bien si ça nous mène quelque part.


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