• La mémoire de l'eau

     

    C’est une discussion dans la rue en pleine chaleur alors que vous vous rendez à la bibliothèque. La chaleur justement est une entrée en matière tout à fait opportune : « Quelle chaleur ! » vous exclamez-vous à tout bout de champ. Ça vous donne une contenance et explique l’air un peu défait que vous arborez en ce milieu d’après-midi. La discussion se noue à partir de ce préambule. Il fait chaud, certes, et puis quoi ? « Il doit y en avoir du monde peuchère à la cascade avec cette chaleur », dit la vieille dame assise sur une chaise sur le pas de sa porte. « Oui c’est vrai, répondez-vous, c’est bourré à craquer, on se croirait à Rio. » Vous expliquez que vous allez à vélo plutôt à tel endroit. « C’est plus calme, c’est parfait. »

     

    La mémoire de l'eau

     

    « Ah, dit-elle, oui c’est bien là-bas. C’est là qu’on a retrouvé le corps d’Untel au moment de l’inondation, il était allé chercher sa voiture. » « Ah oui, dites-vous. » La discussion continue : la chaleur toujours, le temps on n’y peut rien, l’Allemagne, les mort·e·s, les disparu·e·s, les coulées de boue, peuchère ici ça a tenu malgré tout mais le corps on l’a retrouvé là-bas. Là où on se baigne, où l’eau est limpide, où il y a une multitude de libellules. Pas loin de l’endroit où vous accrochez les vélos aux arbres. « Moi j’aurais pu y rester, dit la vieille dame, par chance, j’étais remontée, ça ne devait pas être mon heure. Les maisons sont solides. » « Et les caves ? », dis-je.

    « Les caves c’est pas ce qui manque. », répond-elle.


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